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Jean-Michel Gay – DUT GEII 1978 – 1981

Tags : interview

Jean-Michel Gay a organisé le tout premier bal de l’IUT !

Jeune retraité de l’enseignement public, Jean-Michel Gay, dit « Pipiou », était de passage en Saône-et-Loire en ce début juillet 2023 pour le festival Jazz à Couches. L’occasion de faire une petite virée au Creusot et de revoir l’Institut Universitaire de Technologie où il avait fait ses études une quarantaine d’années plus tôt… et de pousser jusqu’au département GEII… et d’y rencontrer un enseignant… qui l’a amené fissa au service communication !

Nous sommes donc très heureux de vous raconter le parcours de cet ancien étudiant dont le passage date des tout débuts de l’IUT, en ces temps obscurs où Internet n’existait pas ! L’occasion de vous inviter, si vous êtes concernés ou si vous connaissez une personne dans cette situation, à nous contacter : les parcours de tous nos anciens étudiants nous intéressent qu’ils soient sur Linkedin ou non !

Pourquoi avoir choisi GEII et pourquoi au Creusot  ?

Commençons par le commencement : j’étais inscrit au lycée technique Gustave Eiffel de Dijon où j’ai passé un baccalauréat F3 électrotechnique. C’était en 1978. J’aurais aimé rester là-bas et faire un BTS électrotech, mais je n’ai pas été pris. Je n’ai jamais compris pourquoi, mais avec le recul, je pense que c’est une très bonne chose. Cela m’a obligé à sortir de ma zone de confort, de partir de chez papa-maman et cela m’a fait le plus grand bien. Alors, je ne vous cache pas que j’ai eu un choc en arrivant au Creusot ! Les autres Dijonnais qui étaient avec moi, pareil ! Ce qui nous frappait le plus, c’est qu’il n’y avait pas de centre-ville. Ou plutôt que le centre-ville, c’était l’usine !

Cela dit, nous nous y sommes faits. J’étais logé au foyer de jeunes travailleurs, maintenant « Résidence Les Acacias » avec d’autres étudiants et des jeunes actifs. J’ai rapidement tissé des liens avec les uns et les autres, l’ambiance était sympa. Et puis, j’avais une 2CV, verte, ce qui me rendait très autonome. Sans compter que, dès qu’il y avait une sortie à organiser, j’en étais !

S’agissant des cours, j’avoue que le premier semestre a été compliqué pour moi. De toute façon, j’ai toujours été un besogneux dans les études. J’ai toujours dû bûcher plus que les autres pour atteindre un niveau correct. Mais enfin, à l’IUT, nous étions bien encadrés, on s’entraidait. Donc, j’ai fini par obtenir mon DUT en 1981.

Le DUT se faisait en trois ans à l’époque ?

Pas du tout ! le DUT a toujours été en deux ans, mais j’ai dû repiquer ma deuxième année justement parce que ça se passait tellement bien pour moi au Creusot que j’en oubliais parfois de travailler… J’étais tout le temps dans le sillage de Jean-Marc, un prof de sport qui s’occupait du Bureau de la Vie Etudiante. En plus, j’avais obtenu mon BAFA en parallèle de mes études au Creusot, alors ça me convenait bien de l’assister dans l’organisation des matchs… et des troisièmes mi-temps !

En 1980 ou 1981, je me suis même retrouvé dans le comité d’organisation, avec Gaston dit « Lagaffe », un étudiant en GM, du tout premier « bal de l’IUT » ! Encore un grand moment ! On avait organisé ça à l’Arc. On était souvent fourré là-bas pour écouter des disques, assister à des concerts… et ils nous ont accueillis les bras ouverts pour notre bal. Le vrai problème en fait, c’est qu’à l’époque, il n’y avait que deux départements d’études à l’IUT : Génie Electrique et Génie Mécanique. Autant dire qu’il n’y avait que des mecs. Pas la meilleure garantie de succès pour un bal… Du coup, on était allé avec Gaston coller des affiches à l’école des infirmières… Au final, ce fut une belle réussite !

Malgré tout, vous obtenez votre DUT en 1981. Que se passe-t-il alors ?

Il se passe que je ne pouvais plus reculer mon service militaire ! A l’époque, il était obligatoire. Je me suis donc retrouvé chez les chasseurs alpins à Grenoble, comme chauffeur de la fanfare. Il y a pire, n’est-ce pas ?! Une affectation pas tout-à-fait étrangère au Creusot d’ailleurs.

A la Résidence des Acacias du Creusot, je m’étais en effet lié d’amitié avec un gars qui travaillait pour la SNCF. Comme j’avais le BAFA, il m’avait filé un super tuyau pour un job d’été : animateur dans une colonie de vacances IBM. Je l’ai fait deux étés de suite, le temps où j’étais à l’IUT. Et c’est dans ce cadre que j’avais passé le permis transports en commun (TC) pour pouvoir conduire les gamins en bus. C’est ce permis TC qui m’a ensuite ouvert les portes du bus de la fanfare des chasseurs alpins ! J’en ai entendu des Marseillaises ! La place n’était pas mauvaise, mais c’était quand même l’armée : j’ai eu droit aux manœuvres et aux exercices de terrain, y compris en pleine nuit !

Bref, quand je suis rentré du service militaire, j’avais 23 ans et je n’avais plus du tout envie de reprendre les études. Donc, j’ai envoyé des CV, 5 ou 6, et sans vous mentir, j’ai été recontacté partout pour des entretiens. Finalement, j’ai choisi la SODEL, une filiale de EDF, et je me suis retrouvé animateur d’une exposition itinérante en région Bourgogne qui portait sur l’électricité et le gaz naturel. Mes compétences en Génie Electrique ont compté pour mon embauche, mais le permis poids-lourd, de nouveau, aussi ! J’ai travaillé comme ça de 1982 à 1985 en réussissant à mettre de l’argent de côté.

Vous aviez un autre projet ?

J’avais un rêve, c’était de connaitre la côte Ouest des Etats-Unis. Pas seulement de la visiter, mais de la connaitre. Un professeur d’anglais au collège m’avait totalement subjugué au sujet de San-Francisco. Je ne concevais pas de vivre ma vie sans y aller, alors je l’ai fait !

J’ai toujours été intéressé par l’anglais, je voulais savoir ce qui se disait dans les morceaux de blues ou les chansons de Franck Zappa. A cette époque, j’étais déjà à fond dans le blues et le jazz, ça n’a pas changé depuis ! Je me suis installé là-bas, j’ai pris des cours d’anglais à l’université de Berkeley. J’ai vécu sur mon pécule pendant un an en écumant les boites de blues et de jazz sur San Francisco. Puis j’ai trouvé des petits jobs pour vivre  : ingé en électronique pour une boite qui bossait pour le laboratoire spatial de Berkeley, chargé de cours en maths et physique pour l’école française de Palo Alto… Pendant deux ans, c’était la belle vie ! Puis quand j’ai eu le blues de ma famille et de mes copains, je suis rentré en France.

Nous étions en 1987, cinq ans seulement après ma première recherche d’emploi, et pourtant, j’ai eu l’impression que ce n’était plus du tout la même époque. J’ai envoyé 30 – 40 CV et je n’ai reçu aucune réponse. Rien ! Alors, je me suis tourné vers l’enseignement en électrotechnique. J’ai occupé plusieurs postes de formation pour adultes ou de maître auxiliaire dans l’académie de Créteil. En clair, je faisais des vacations là où déjà l’Education Nationale n’arrivait plus à recruter. Non seulement c’était une situation très précaire, mais en plus, je me retrouvais à devoir donner des cours du jour au lendemain, sans nécessairement maîtriser le sujet… En parallèle et dans l’objectif de stabiliser ma situation, je préparais le concours du CAPET, le Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement Technique. Des années compliquées en somme. En 1991, j’obtiens le CAPET à la deuxième tentative.

Vous voilà donc parti pour une carrière d’enseignant dans l’Education Nationale  !

Oui, j’ai d’abord été affecté dans l’académie de Toulouse où j’ai effectué mon stage CAPET à Alcatel-Espace. Ensuite, j’ai décroché mon premier poste de titulaire à Bagnères-de-Bigorre. J’enseignais à des élèves de première et terminale STI et des étudiants en Section de Techniciens Supérieurs (STS) en Mécanique et Automatisme Industriel (MAI, futur CRSA, Conception et Réalisation des Systèmes Automatiques). Depuis cette époque, j’ai toujours tenu à enseigner en pré Bac quand on me proposait également d’enseigner en post Bac afin qu’il y ait une continuité pédagogique entre les deux. De plus, j’étais responsable du parc informatique : j’étais dans mon élément. Imaginez : depuis mes fenêtres, j’avais vue sur le Pic-du-Midi de Bigorre, je me serais bien vu y faire toute ma carrière !

Mais ce n’est pas ce qui s’est passé  !

Eh non  ! Je suis tombé amoureux d’une femme, brillante, que son entreprise, Alcatel, avait décidé de faire monter en compétence. Suite à une formation payée par l’entreprise, elle a été envoyée prendre du grade et de l’expérience dans leur filiale en Thaïlande. Je me suis mis en disponibilité de l’Education Nationale et je l’ai suivie.

J’ai découvert le monde merveilleux des expatriés français, mieux encore : celui des conjoints d’expatriés. Autant vous dire que j’en étais le seul exemplaire masculin ! Je me souviens encore d’un dîner très officiel au cours duquel j’étais assis à côté d’un haut représentant de la République française. Dès lors qu’il a compris que dans le couple du « cadre Alcatel », c’était moi le conjoint, il ne m’a plus adressé la parole… Autres temps, autres mœurs… du moins, je l’espère !

Toujours est-il que j’ai quand même bien profité de cette expatriation. J’ai enseigné les mathématiques et l’informatique au lycée français de Bangkok où j’ai mis en place un mini-réseau informatique. C’était en 1996-1999 et les ordinateurs en réseau, Internet, c’était encore tout nouveau.

Et puis, la Thaïlande, c’est aussi la naissance de notre fille. Son deuxième prénom, c’est Atitya parce qu’elle est née un dimanche et qu’elle est notre déesse du soleil à nous ! Depuis, un petit frère l’a rejointe qui est né en France.

Vous êtes revenu en France ?

Oui en 1999. Mon épouse est revenue au siège Alcatel et moi à l’Education Nationale, en l’occurrence au lycée Jules Ferry de Versailles comme enseignant en technologie, toujours en STI et STS Electrotechnique. Enseigner la technologie dans un lycée public à Versailles, c’est une expérience un peu « particulière », surtout quand on est un homme et qu’on s’appelle « Gay »… qu’on a vécu à San Francisco… et en Thailande… Il faut avoir de l’humour  ! Mais enfin, j’ai réussi à imposer mon style et à gagner la confiance des élèves comme des collègues. Selon les années, j’ai également assuré des formations pour des salariés de Renault, ou des missions dans le cadre du programme ERASMUS.

Et enfin, depuis 2016, je fais également partie du comité de publication d’une revue professionnelle, La Revue 3EI, « Enseigner l’Electrotechnique et l’Electronique Industrielle ». Un rôle que je continue d’assumer, même si j’ai pris ma retraite en 2021.

Vous êtes donc désormais retraité, mais un retraité actif  ?

Actif, mais à mon rythme. A Châtillon où nous habitons, je donne régulièrement de mon temps dans un Repair Café et depuis juin dernier, nous avons créé une association, « Châtillon Soleil », afin de contribuer au développement des énergies renouvelables en les promouvant, par exemple et déjà, sur les bâtiments publics.

Et vous prenez le temps de faire les festivals, notamment Jazz à Couches…

Mais oui ! La musique et le Jazz/Blues ont toujours eu une grande importance pour moi. Cela faisait longtemps que je n’étais pas venu dans le coin. Il faudra que je repasse quand les travaux seront achevés sur l’IUT. Il était quand même temps d’en refaire les vieilles façades ! J’ai vu que « L’Oval » avait fermé. C’est dommage, c’était notre troquet de ralliement. Profs, étudiants, tout le monde s’y retrouvait à un moment ou à un autre. De manière générale, beaucoup de beaux souvenirs sont remontés. Mes années IUT ont été de belles années, je vous le redis.

Un dernier conseil pour les jeunes étudiants de l’IUT  ?

Soyez curieux, créez votre chance  ! Et Il n’y a pas que l’électrotechnique dans la vie  !

Repair café de Châtillon, janvier 2024.
Encart d'un dossier spécial sur la réparation du magazine Femmes actuelles.

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Jean-Michel Gay a organisé le tout premier bal de l’IUT !

Jeune retraité de l’enseignement public, Jean-Michel Gay, dit "Pipiou", était de passage en Saône-et-Loire en ce début juillet 2023 pour le festival Jazz à Couches. L’occasion de faire une petite virée au Creusot et de revoir l’Institut Universitaire de Technologie où il avait fait ses études une quarantaine d’années plus tôt… et de pousser jusqu’au département GEII… et d’y rencontrer un enseignant… qui l’a amené fissa au service communication !

Nous sommes donc très heureux de vous raconter le parcours de cet ancien étudiant dont le passage date des tout débuts de l’IUT, en ces temps obscurs où Internet n’existait pas ! L’occasion de vous inviter, si vous êtes concernés ou si vous connaissez une personne dans cette situation, à nous contacter : les parcours de tous nos anciens étudiants nous intéressent qu’ils soient sur Linkedin ou non !

Pourquoi avoir choisi GEII et pourquoi au Creusot  ?

Commençons par le commencement : j’étais inscrit au lycée technique Gustave Eiffel de Dijon où j’ai passé un baccalauréat F3 électrotechnique. C’était en 1978. J’aurais aimé rester là-bas et faire un BTS électrotech, mais je n’ai pas été pris. Je n’ai jamais compris pourquoi, mais avec le recul, je pense que c’est une très bonne chose. Cela m’a obligé à sortir de ma zone de confort, de partir de chez papa-maman et cela m’a fait le plus grand bien. Alors, je ne vous cache pas que j’ai eu un choc en arrivant au Creusot ! Les autres Dijonnais qui étaient avec moi, pareil ! Ce qui nous frappait le plus, c’est qu’il n’y avait pas de centre-ville. Ou plutôt que le centre-ville, c’était l’usine !

Cela dit, nous nous y sommes faits. J’étais logé au foyer de jeunes travailleurs, maintenant « Résidence Les Acacias » avec d’autres étudiants et des jeunes actifs. J’ai rapidement tissé des liens avec les uns et les autres, l’ambiance était sympa. Et puis, j’avais une 2CV, verte, ce qui me rendait très autonome. Sans compter que, dès qu’il y avait une sortie à organiser, j’en étais !

S’agissant des cours, j’avoue que le premier semestre a été compliqué pour moi. De toute façon, j’ai toujours été un besogneux dans les études. J’ai toujours dû bûcher plus que les autres pour atteindre un niveau correct. Mais enfin, à l’IUT, nous étions bien encadrés, on s’entraidait. Donc, j’ai fini par obtenir mon DUT en 1981.

Le DUT se faisait en trois ans à l’époque ?

Pas du tout ! le DUT a toujours été en deux ans, mais j’ai dû repiquer ma deuxième année justement parce que ça se passait tellement bien pour moi au Creusot que j’en oubliais parfois de travailler… J’étais tout le temps dans le sillage de Jean-Marc, un prof de sport qui s’occupait du Bureau de la Vie Etudiante. En plus, j’avais obtenu mon BAFA en parallèle de mes études au Creusot, alors ça me convenait bien de l’assister dans l’organisation des matchs… et des troisièmes mi-temps !

En 1980 ou 1981, je me suis même retrouvé dans le comité d’organisation, avec Gaston dit « Lagaffe », un étudiant en GM, du tout premier « bal de l’IUT » ! Encore un grand moment ! On avait organisé ça à l’Arc. On était souvent fourré là-bas pour écouter des disques, assister à des concerts... et ils nous ont accueillis les bras ouverts pour notre bal. Le vrai problème en fait, c’est qu’à l’époque, il n’y avait que deux départements d’études à l’IUT : Génie Electrique et Génie Mécanique. Autant dire qu’il n’y avait que des mecs. Pas la meilleure garantie de succès pour un bal… Du coup, on était allé avec Gaston coller des affiches à l’école des infirmières… Au final, ce fut une belle réussite !

Malgré tout, vous obtenez votre DUT en 1981. Que se passe-t-il alors ?

Il se passe que je ne pouvais plus reculer mon service militaire ! A l’époque, il était obligatoire. Je me suis donc retrouvé chez les chasseurs alpins à Grenoble, comme chauffeur de la fanfare. Il y a pire, n’est-ce pas ?! Une affectation pas tout-à-fait étrangère au Creusot d’ailleurs.

A la Résidence des Acacias du Creusot, je m’étais en effet lié d’amitié avec un gars qui travaillait pour la SNCF. Comme j’avais le BAFA, il m’avait filé un super tuyau pour un job d’été : animateur dans une colonie de vacances IBM. Je l’ai fait deux étés de suite, le temps où j’étais à l’IUT. Et c’est dans ce cadre que j’avais passé le permis transports en commun (TC) pour pouvoir conduire les gamins en bus. C’est ce permis TC qui m’a ensuite ouvert les portes du bus de la fanfare des chasseurs alpins ! J’en ai entendu des Marseillaises ! La place n’était pas mauvaise, mais c’était quand même l’armée : j’ai eu droit aux manœuvres et aux exercices de terrain, y compris en pleine nuit !

Bref, quand je suis rentré du service militaire, j’avais 23 ans et je n’avais plus du tout envie de reprendre les études. Donc, j’ai envoyé des CV, 5 ou 6, et sans vous mentir, j’ai été recontacté partout pour des entretiens. Finalement, j’ai choisi la SODEL, une filiale de EDF, et je me suis retrouvé animateur d’une exposition itinérante en région Bourgogne qui portait sur l’électricité et le gaz naturel. Mes compétences en Génie Electrique ont compté pour mon embauche, mais le permis poids-lourd, de nouveau, aussi ! J’ai travaillé comme ça de 1982 à 1985 en réussissant à mettre de l’argent de côté.

Vous aviez un autre projet ?

J’avais un rêve, c’était de connaitre la côte Ouest des Etats-Unis. Pas seulement de la visiter, mais de la connaitre. Un professeur d’anglais au collège m’avait totalement subjugué au sujet de San-Francisco. Je ne concevais pas de vivre ma vie sans y aller, alors je l’ai fait !

J’ai toujours été intéressé par l’anglais, je voulais savoir ce qui se disait dans les morceaux de blues ou les chansons de Franck Zappa. A cette époque, j’étais déjà à fond dans le blues et le jazz, ça n’a pas changé depuis ! Je me suis installé là-bas, j’ai pris des cours d’anglais à l’université de Berkeley. J’ai vécu sur mon pécule pendant un an en écumant les boites de blues et de jazz sur San Francisco. Puis j’ai trouvé des petits jobs pour vivre  : ingé en électronique pour une boite qui bossait pour le laboratoire spatial de Berkeley, chargé de cours en maths et physique pour l’école française de Palo Alto... Pendant deux ans, c’était la belle vie ! Puis quand j’ai eu le blues de ma famille et de mes copains, je suis rentré en France.

Nous étions en 1987, cinq ans seulement après ma première recherche d’emploi, et pourtant, j’ai eu l’impression que ce n’était plus du tout la même époque. J’ai envoyé 30 – 40 CV et je n’ai reçu aucune réponse. Rien ! Alors, je me suis tourné vers l’enseignement en électrotechnique. J’ai occupé plusieurs postes de formation pour adultes ou de maître auxiliaire dans l’académie de Créteil. En clair, je faisais des vacations là où déjà l’Education Nationale n’arrivait plus à recruter. Non seulement c’était une situation très précaire, mais en plus, je me retrouvais à devoir donner des cours du jour au lendemain, sans nécessairement maîtriser le sujet… En parallèle et dans l’objectif de stabiliser ma situation, je préparais le concours du CAPET, le Certificat d'Aptitude au Professorat de l'Enseignement Technique. Des années compliquées en somme. En 1991, j’obtiens le CAPET à la deuxième tentative.

Vous voilà donc parti pour une carrière d’enseignant dans l’Education Nationale  !

Oui, j’ai d’abord été affecté dans l’académie de Toulouse où j’ai effectué mon stage CAPET à Alcatel-Espace. Ensuite, j’ai décroché mon premier poste de titulaire à Bagnères-de-Bigorre. J’enseignais à des élèves de première et terminale STI et des étudiants en Section de Techniciens Supérieurs (STS) en Mécanique et Automatisme Industriel (MAI, futur CRSA, Conception et Réalisation des Systèmes Automatiques). Depuis cette époque, j’ai toujours tenu à enseigner en pré Bac quand on me proposait également d’enseigner en post Bac afin qu’il y ait une continuité pédagogique entre les deux. De plus, j’étais responsable du parc informatique : j’étais dans mon élément. Imaginez : depuis mes fenêtres, j’avais vue sur le Pic-du-Midi de Bigorre, je me serais bien vu y faire toute ma carrière !

Mais ce n’est pas ce qui s’est passé  !

Eh non  ! Je suis tombé amoureux d’une femme, brillante, que son entreprise, Alcatel, avait décidé de faire monter en compétence. Suite à une formation payée par l’entreprise, elle a été envoyée prendre du grade et de l’expérience dans leur filiale en Thaïlande. Je me suis mis en disponibilité de l’Education Nationale et je l’ai suivie.

J’ai découvert le monde merveilleux des expatriés français, mieux encore : celui des conjoints d’expatriés. Autant vous dire que j’en étais le seul exemplaire masculin ! Je me souviens encore d’un dîner très officiel au cours duquel j’étais assis à côté d’un haut représentant de la République française. Dès lors qu’il a compris que dans le couple du "cadre Alcatel", c’était moi le conjoint, il ne m’a plus adressé la parole… Autres temps, autres mœurs… du moins, je l’espère !

Toujours est-il que j’ai quand même bien profité de cette expatriation. J’ai enseigné les mathématiques et l’informatique au lycée français de Bangkok où j’ai mis en place un mini-réseau informatique. C’était en 1996-1999 et les ordinateurs en réseau, Internet, c’était encore tout nouveau.

Et puis, la Thaïlande, c’est aussi la naissance de notre fille. Son deuxième prénom, c’est Atitya parce qu’elle est née un dimanche et qu’elle est notre déesse du soleil à nous ! Depuis, un petit frère l’a rejointe qui est né en France.

Vous êtes revenu en France ?

Oui en 1999. Mon épouse est revenue au siège Alcatel et moi à l’Education Nationale, en l’occurrence au lycée Jules Ferry de Versailles comme enseignant en technologie, toujours en STI et STS Electrotechnique. Enseigner la technologie dans un lycée public à Versailles, c’est une expérience un peu "particulière", surtout quand on est un homme et qu’on s’appelle "Gay"… qu’on a vécu à San Francisco… et en Thailande… Il faut avoir de l’humour  ! Mais enfin, j’ai réussi à imposer mon style et à gagner la confiance des élèves comme des collègues. Selon les années, j’ai également assuré des formations pour des salariés de Renault, ou des missions dans le cadre du programme ERASMUS.

Et enfin, depuis 2016, je fais également partie du comité de publication d’une revue professionnelle, La Revue 3EI, « Enseigner l’Electrotechnique et l’Electronique Industrielle ». Un rôle que je continue d’assumer, même si j’ai pris ma retraite en 2021.

Vous êtes donc désormais retraité, mais un retraité actif  ?

Actif, mais à mon rythme. A Châtillon où nous habitons, je donne régulièrement de mon temps dans un Repair Café et depuis juin dernier, nous avons créé une association, « Châtillon Soleil », afin de contribuer au développement des énergies renouvelables en les promouvant, par exemple et déjà, sur les bâtiments publics.

Et vous prenez le temps de faire les festivals, notamment Jazz à Couches…

Mais oui ! La musique et le Jazz/Blues ont toujours eu une grande importance pour moi. Cela faisait longtemps que je n’étais pas venu dans le coin. Il faudra que je repasse quand les travaux seront achevés sur l’IUT. Il était quand même temps d’en refaire les vieilles façades ! J’ai vu que "L’Oval" avait fermé. C’est dommage, c’était notre troquet de ralliement. Profs, étudiants, tout le monde s’y retrouvait à un moment ou à un autre. De manière générale, beaucoup de beaux souvenirs sont remontés. Mes années IUT ont été de belles années, je vous le redis.

Un dernier conseil pour les jeunes étudiants de l’IUT  ?

Soyez curieux, créez votre chance  ! Et Il n’y a pas que l’électrotechnique dans la vie  !

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Repair café de Châtillon, janvier 2024.
Encart d'un dossier spécial sur la réparation du magazine Femmes actuelles.

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